Qu’est-ce qu’une campagne de sensibilisation ?
- Stop Cyberfraude
- 27 juin
- 4 min de lecture
À l’ère du numérique, les fraudes en ligne sont devenues omniprésentes et touchent un public de plus en plus large, indépendamment de l’âge, du niveau d’éducation ou du statut socio-économique. Alors que la question des fraudes en ligne est de plus en plus présente dans le débat public, de nombreuses personnes ne parviennent pas encore à reconnaître les indices de fraude ni à adopter les bonnes pratiques pour s’en protéger. C’est pourquoi les campagnes de sensibilisation sont aujourd’hui indispensables. Elles permettent de mieux informer le public, de briser les idées reçues, de renforcer les réflexes de protection et, surtout, de prévenir les effets négatifs de ces comportements malveillants.
Bien que les campagnes de sensibilisation soient surtout utilisées en santé et sécurité publique afin de promouvoir de saines habitudes de vie et des comportements plus sécuritaires, de plus en plus d’institutions publiques et privées élaborent des campagnes visant à prévenir la cybercriminalité et à sensibiliser la population à mieux s’en protéger. Ces campagnes nationales peuvent être sporadiques pour sensibiliser à un enjeu particulier (par exemple le phishing) ou bien encore s’intégrer dans une stratégie nationale plus large de lutte contre la cybercriminalité.
Mais au final, qu’est-ce qu’une campagne de sensibilisation ?
Sensibiliser pour changer les comportements
La sensibilisation est la première étape du processus de changement de comportement. Au cours de ce processus, la personne doit être intéressée et se sentir concernée, ce qui lui permet de : 1) être sensibilisée à une problématique ; 2) développer un intérêt sur l’enjeu en question ; 3) faire preuve de motivation ; et 4) s’engager à changer de comportement en travaillant sur la modification de ses croyances et attitudes envers la problématique donnée.
Une campagne de sensibilisation doit donc s’appuyer sur ces différentes étapes du processus de changement afin d’être efficace.
Les niveaux de prévention abordés dans les campagnes de sensibilisation
Une campagne de sensibilisation doit susciter des préoccupations concernant une problématique tout en encourageant les consommateurs à changer leurs comportements.
Il existe plusieurs niveaux sur lesquels une campagne de prévention ou de sensibilisation peut s’appuyer. En matière de cybercriminalité, les campagnes de sensibilisation peuvent jouer un rôle à chacun de ces niveaux.
Prévention primaire : il s’agit d’élaborer des stratégies visant à informer le public. À ce niveau, on vise la population générale et les outils que l’on utilise sont souvent génériques, par exemple des articles de presse ou bien encore des campagnes publicitaires dans la presse écrite, à la télévision ou sur des panneaux d’affichage. Exemples : la campagne nationale S-U-P-E-R.ch « Pas d’excuses – il faut agir! » sur l’importance de la cybersécurité lancée par la Prévention Suisse de la Criminalité et l’Office fédéral de la cybersécurité, ou la campagne « Arnaque aux sentiments. L’amour, le vrai, ne coûte rien » lancée par la Prévention Suisse de la Criminalité et les corps de police cantonaux et municipaux.
Prévention secondaire : les stratégies visent à atteindre les individus les plus à risque. Des programmes spécifiquement adaptés à certaines populations et thématiques sont ainsi élaborés. Exemple : la campagne nationale « Et vous ? Vous auriez dit oui ? », lancée par les polices suisses et la Prévention Suisse de la Criminalité, aborde notamment les risques liés au grooming et au partage de nudes (sexting), auxquels les enfants et les adolescents peuvent être exposés.
Prévention tertiaire : les stratégies ciblent ici les personnes qui ont déjà été victimes ou qui ont été confrontées à la problématique en question. Par exemple, des campagnes informant sur les aides disponibles après une fraude économique s’inscrivent dans cette catégorie.
La peur comme moyen de sensibilisation ?
Les campagnes de sensibilisation s’appuient sur deux éléments : la peur et l’efficacité. En effet, une campagne de sensibilisation doit amener l’individu à s’interroger sur la menace que représente la problématique en question (« Est-ce que la cybercriminalité est un problème grave ? », « Est-ce que je peux en être victime ? »), ainsi qu’à évaluer sa capacité à modifier son comportement vis-à-vis de la ladite problématique (« Est-ce que je vais être mieux protégé si j’ai une meilleure hygiène numérique ? », « Est-ce que je suis capable d’appliquer les conseils de cybersécurité ? »).
Ces deux éléments sont également reliés, car pour qu’une campagne de sensibilisation fonctionne, il faut que le sentiment d’efficacité des consommateurs soit plus élevé que la menace. En cybersécurité, cela veut dire que les conseils énoncés dans les campagnes doivent résonner auprès de la population et que celle-ci se sent capable et en confiance de les mettre en place. Si le sentiment de menace est plus présent, alors la campagne de sensibilisation aura moins d’effets. Par exemple, les campagnes qui mettent en avant l’omniprésence de la cybercriminalité auront moins d’impacts que celles se concentrant sur l’offre de conseils aux consommateurs. En appuyant trop sur la peur, on donne le sentiment à la population que le risque est inévitable et qu’elle est impuissante à y faire face.
Rendre une campagne de sensibilisation efficace
Quelques études ont démontré que les campagnes de sensibilisation et de prévention sont plus efficaces quand elles identifient adéquatement les besoins du public cible et qu’elles transmettent un message clair qui favorise une réelle prise de conscience. Il est donc important de prendre en considération le point de vue des utilisateurs, c’est-à-dire leurs perceptions et croyances quant à une problématique.
En outre, il est important que la sensibilisation sur une problématique ne soit pas un événement sporadique, mais doit plutôt se répéter dans le temps. Ainsi, les campagnes de sensibilisation telles que le Mois européen de la sensibilisation à la cybersécurité (octobre) permettent de rappeler annuellement à la population les enjeux liés à la cybercriminalité.
Enfin, il est toujours préférable de cibler les problématiques et les publics identifiés lors des campagnes afin de ne pas diminuer l’efficacité du message transmis. Une bonne campagne doit comprendre des objectifs réalistes et bien ciblés, en proposant au public des attitudes et des comportements concrets, plutôt que des recommandations trop générales.
Développé en collaboration avec la
Clinique de Cyber-criminologie de l’Université de Montréal
Sources
Agence de santé publique du Canada. (2006). Ce que nous avons appris : campagnes de sensibilisation canadiennes importantes à l’égard de l’ETCAF. Repéré à http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/fasd-ac-etcaf-cs/pdf/fasd1-ac-etcaf-cs_f.pdf
Coutu, C. (2020). Les campagnes de prévention en cybersécurité. Note de synthèse Chaire de recherche en prévention de la cybercriminalité, vol. 1, num. 8. Repéré à https://www.prevention-cybercrime.ca/campagne-prevention
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